dimanche 15 avril 2012

Nous sommes une ville

Se laisser porter
Par la mélancolie d’une ville,
Ses enseignes lumineuses,
Ses néons,
Ses couleurs fluorescentes,
Ses trottoirs.
Errer,
Pour l’accompagner vers le jour,
La bercer jusqu’à l’aurore,
La poser sous le premier rayon.
Porter des regards las,
A droite, à gauche,
Regarder les vitrines,
Les serveurs chinois qui s’agitent,
Les vigiles austères.
S’arrêter à un feu,
Attendre à un passage piéton,
Longer la ligne de tramway
En pensant à ses amis,
A ses amours
A ses pas
Aux traces que l’on laisse.
Avancer,
Dans la nuit fauve,
Qui sent la sueur,
L’alcool
L’amour d’un soir
Et transpire la vie
De tout ses pores -
De chaque bouche de métro,
De chaque bouche d’égout,
De chaque porte d’immeuble
De chaque caniveau
Vient jaillir l’existence.
Là, à travers les rues,
Les avenues, les places,
Les opéras, les bistrots, les boîtes,
Les fumées de cigarettes, les blousons de cuir
Nous brûlons comme des allumettes,
Craqués trop tôt
Sur le bois du monde.
Là à travers les sons électroniques
Qui sont venus remplacer le jazz,
A travers les talons hauts qui claquent
Sur les pavés et les parquets,
A travers les rires mondains,
Les cliquetis des pièces de monnaie
Sur les comptoirs,
Les pots d’échappement des scooters,
Les distributeurs de monnaie
L’affrontement des mondes,
Nous brillons comme des bougies,
Des flammes en bleu d’étincelle.
La ville nous appartient
Et nous appartenons à la ville,
Nous l’avons construite
Et nous la laissons s’échapper,
S’évader.
Nous taguons sur ses murs
Nos échecs,
Nous laissons sur ses trottoirs
Nos cœurs brisés
Nous laissons sur ses comptoirs
Nos âmes fatiguées.
Elle est notre reflet,
Le reflet de nos excès,
De nos espoirs, de nos attentes.
Nous sommes ses bruits,
Nous sommes ses rires,
Nous sommes ses peurs
Ses baiser, ses espoirs, ses pleurs,
Nous sommes ses naufragés,
Ses clochards, ses fous,
Ses vampires, ses loups
Nous sommes ses prisonniers
Nous sommes ses lumières,
Nous sommes ses ombres -
Nous sommes sa mélancolie,
Nous sommes sa vie.

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