vendredi 27 janvier 2012

Un ange sous la pluie

Elle a les cheveux oranges,
rien sous son tee shirt,
un mini-short en jean sur des bas noirs -
Elle va se jeter dans l'étang du champs voisin
et ça sera une belle histoire.

mercredi 25 janvier 2012

Une cabane vide au bord d’un matin trop gris et voilà que nait un refrain pour un poème trop long

Il y a cette petite cabane en vieilles pierres,
Envahie par les ronces et des planches de bois
En guise de fenêtre.
Je suis passé devant mon cœur.

Je traverse un cimetière tous les matins,
Des tombes dépérissent,
Il y a une allée réservée aux nouveau-nés,
Un jour je serais six pieds sous terre.
Je suis passé devant mon cœur.

Un vieil homme avec un œil de verre
Entre dans le bus,
Un sac d’épicerie à la main.
Il fout les boules mais à l’air gentil.
Je suis passé devant mon cœur.

Une jeune femme porte des collants noirs
Sous une robe en laine,
Une autre arbore un manteau bleu menthe
Et des cheveux noirs coupés courts.
Je suis passé devant mon cœur.

Le quai des bus est désert,
Il n’y a que les yeux bleus de la gitane
Qui me fixent.
Je suis passé devant mon cœur.

Les fenêtres des immeubles
Sont traversées par des barres de béton,
Les écrans de télévision brillent de mille feux,
Comme des étoiles qui changent de couleur
Dans un ciel blanc.
On dirait une œuvre d’art contemporaine.
Je suis passé devant mon cœur.

Elle a passé une soirée avec moi,
J’ai passé les mains sur son corps,
Elle a passé les siennes sur le mien,
On a parlé à la nuit.
Je suis passé devant mon cœur.

L’amour vient nous faire la cour,
Nous embrase comme les bras du diable
- on aime brûler plus qu’il ne faut –
Puis laisse notre corps calciné
Aux charognards
Et aux miséricordieux.
Je suis passé devant mon cœur.

Ce matin,
Un enterrement.
Le cercueil entre dans la maison de Dieu,
En dessous d’une fresque
Représentant Marie implorant une figure métaphorique.
Les cloches sonnent dans le village.
Je suis passé devant mon cœur.

Depuis que j’ai laissé tomber mon cœur,
Je passe devant tout le temps,
Du matin au soir.
Un jour, quelqu’un le ramassera
Et je serais dans de beaux draps.
Mais au moins,
Je cesserai de passer devant.

samedi 21 janvier 2012

J'ai dilapidé mon coeur à force de m'en servir comme pierre pour faire des ricochets

Cette putain de poésie
me glisse entre les doigts -
je n'ai rien d'autre à faire
que d'attendre qu'elle revienne.

Un peu comme pour elle.

mercredi 11 janvier 2012

Dans les yeux de la pluie

Il y a dans les yeux de la pluie
Quelque chose de profondément triste,
Je regrette ce poème
Et ton chagrin.
Ces mots sombres
Sont venus s’écraser comme des lames
Dans ton cœur fragile et attentionné –
L’écho est venu me couper le souffle
Et a hanté mes rêves.

Je sais bien que d’autres mains que la mienne
N’ont que le vent pour seul caresse,
Que d’autres mains que la mienne
N’ont que l’absence pour seul tendresse.

Car d’autres goûtent au parfum de la lune,
Car de nombreux autres lits sont des radeaux à la dérive,
Car la folie et la peur ont envahie d’autres chambres,
Car le soleil du matin ont rassasié d'autres âme,
Car d’autres étouffent leur doute au creux de leur nuit -
Car je ne suis pas seul
A attendre que la vie me brûle pour de bon,
J’attendrai patiemment ce sourire,
Ajusté à la mesure près,
Ce regard
Qui me transpercera de part en part –
J’attendrai,
Comme tous les autres fous
Qui croient encore
que l’amour les attend au bout de la rue.

En attendant,
Le ciel s’est couvert de rouge,
Les lampes de l’impasse se sont éteintes
Et ce poème sera une nouvelle brindille
Pour tenir le feu allumé.

samedi 7 janvier 2012

Pouet-Pouet

Les poèmes sont des mensonges
très bien racontés
et je mens vraiment très mal.

De si bon matin et déjà un millier de poème dans la tête et les femmes qui me rendent fou

Je marche vers la bibliothèque,
J’ai laissé mon manteau dans la voiture -
Cet hiver est définitivement doux.

Je jette un regard
Vers une voiture garée au loin.
C’est alors qu'une jeune femme
descend du côté passager.
De longs cheveux blonds couvrent sa nuque,
Elle porte un petit sac à main
Et marche en équilibre
Sur des talons hauts.
Sa jupe s’arrête un peu avant les genoux -
La vision de ses collants vintages
Et de sa grâce mêlée à un soupçon
D’insolence
M’interrogent.
Pourquoi Dieu doit il m’infliger ça de si bon matin ?

Alors j’ouvre la porte de la bibliothèque
Et je vais flâner dans les rayons –
Un livre de Brautigan est pris entre deux gros livres
Ecrit par une présentatrice télé.
Bon dieu,
Ça devrait le contraire et le livre de cette présentatrice
Devrait être tout petit petit petit.

Je prend Brautigan
et je vais m’assoir dans le fauteuil.

J’aimerai être un enfant
Pour que la bibliothécaire
Me sourie enfin.

Elle se pose sur mes matins endoloris

Elle a la peau comme un sucre roux
Et des yeux comme des croissants de lune.
Ses cheveux crépus sont attachés en arrière
Et j’imagine que détachés,
Ils doivent produire le plus bel effet.
Elle est élancée,
Les jambes comme du bois fin.

Chaque matin,
Elle arrive d’en face,
Toujours du même côté.

Je prends le temps de la regarder arriver vers moi
Et à 8h45
L’un de nous se décale
Pour laisser passer l’autre.
A ce moment,
Elle porte souvent un sourire léger.

L’autre soir, en attendant le bus,
Un jeune homme est venu la rejoindre
Et l’a embrassé.

Tant pis,
Encore une de plus
En moins.

Encore un samedi matin sans personne, comme tant d’autre (mais peut être pas aussi désespéré)

J’aimerai que le matin
M’offre à nouveau la présence d’une femme à demi-nu
Dans le creux des premiers rayons du soleil.
Mais pas une femme de passage,
Une de celle qui ne nous quitte pas
Une fois qu’elle n’est plus devant nos yeux.
Une de celle pour qui nos jambes se mettent à trembler
Quand on entend sa voix au téléphone –
Une de celle qui, quand elle se tire,
Nous fragmente le cœur
Et tout le reste.

Alors, sans un soupir,
Si l’envie m’en prend,
Je pourrai lui caresser les cheveux,
Lui caresser la joue,
L’embrasser.

Alors, le cœur battant,
Si l’envie m’en prend,
Je pourrai lui mordre le cou,
Passer les mains sous son haut,
Lui dire des mots d’amour.

Alors, le désir ardant,
Si l’envie m’en prend,
Je pourrai passer un doigt ou deux
Sous sa culotte et
Glisser mes mains le long de ses jambes.

Si l’envie m’en prend,
Je pourrai même lui masser chaque doigt de pied.
Tout ce marasme la fera rire,
Un rire silencieux
Qui fera trembler les murs de ma chambre.

Le tout est de pouvoir me rendormir
dans ses bras
et dans son âme
et cela pour un millions d’autres matins
sans que la vie n’y trouve rien a redire.

vendredi 6 janvier 2012

Un sourire de fierté à Dieu et un doigt d'honneur au diable

Je viens de passer la soirée
Avec les vieux poètes beats
Et leurs poèmes en prose
Scandés comme des oiseaux de feu
Qui viennent dans un dernier battement d’aile
Se consumer fièrement dans les nuages.

Entre les machines Remington,
Les boîtes de conserve,
Les appartements minables,
Les costumes à trois francs six sous,
Les histoires d’amour sacrifiées,
Les routes de Los Angeles,
Les camions,
Les mexicains,
Les bagarres,
La bière,
La jouissance de l’existence tout entière
Et une mélancolie douce-amère,
Je vis l’aventure par procuration
Et je ponds trois poèmes
Pour le prix d’un.

Alors imaginez bien ma tristesse
Quand
- trop tôt mais pourtant
Encore trop tard –
Après avoir lu trois ou quatre poèmes exquis
De mon bien aimé Buk,
Je dois éteindre la lampe de chevet
Pour me glisser dans l'obscurité.
Qu’il y a-t-il de plus ennuyeux
Qu’un plongeon solitaire dans la nuit
Quand on sait que la surface arrivera trop tôt
Sous les reflets d’un jour banal ?

Alors pour prolonger un peu l’extase,
Oublier la solitude froide
qui règne dans le lit
et déjouer les rayons de la lune
qui veulent m’emporter dans leur folie,
je pense à cette jolie fille
qui m’a dit que mon poème était génial –
Cela sera largement suffisant
Pour me faire croire
Que la vie est un cheval sauvage
Qui se brûle les sabots autour du soleil.

jeudi 5 janvier 2012

Le train file, la vie défile et je reste à ma place

Je suis encore vivant,
là sur le fil du rasoir
en équilibre,
à fleur de peau.
Mon âme n’est pas encore en miette,
elle est même encore bien accrochée.
Mise à part une nuée de cafard
de ci, de là,
qui m’amène à penser l’impensable,
(Comme l’envie du vide derrière la fenêtre,
un faux pas sous un bus
ou une lame sur ma peau),
je crois que je peux le dire :
tout va bien.

Je n’ai pas retrouvé l’amour
mon meilleur ami si.
C’était moins une,
la folie le guettait d’un peu trop prés.
moi je sors tout juste des braises
du coup de foudre
qui m’a longtemps illuminé -
celui qui vous laisse ses brûlures
jusqu’au fond de la tombe.
Je profite des 16 ans que je ne me suis jamais offert,
me laissant dévorer par les nuits,
les verres d’alcool
et les filles faciles.

Je suis encore vivant,
je cours à contre courant du fleuve
à la fraîcheur de la clairière,
souriant devant les fagots de bois mort
Et la douceur de la soirée ligérienne.
Là,
courant et courant encore,
je me laisse porter par l’oubli,
des nuages légers dans le cœur.

Je suis encore vivant,
c’est encore mon corps
qui se noie dans l’obscurité
abrité par les draps
et le filet de la lune.
Je me gratte encore le dos
sans trouver le sommeil,
à me demander ce que je fous là.

Je suis encore vivant,
j’attends juste le choc,
j’attends juste l’orage,
petit parmi les petits.
J’attends juste un matin plus brillant que les autres,
un soir plus clément.

Je suis dans l’œil du cyclone -
là où tout est calme
avant la tempête.

Quatrine quafardeuse

Aujourd'hui, dans le cadre des vases-communicants, c'est avec un grand plaisir que j'accueil sur mon blog un texte de Wana avec pour thème le cafard. Merci à lui. Bonne lecture

J'ai bien trop de soucis. C'est un jour de cafard J'aurais pourtant
rêvé de composer ma prose Avec le nez dehors et sans tout ce crachin Le
ciel en a voulu autrement : à se tordre !

Je n'ai pas de remède à mon cœur : que le tordre Et lui tirer des vers
du néant, un crachin Larmoyant, un déluge, un torrent de cafard Sans
rythme, sans l'allant, le souffle de la prose

Ecrite d'un seul trait palpitant, cette prose Venue tout droit du
ventre où se terre un cafard Dans les trippes, qui mord et vous blesse
à vous tordre Et vous laisse un ciel bas comme un ciel de crachin

Oui, ces matins sont laids, froid comme du crachin On trempe l’oreiller
mouillé jusqu’à le tordre Et il n’en faut pas plus pour terminer sa
prose Ecrite en désespoir de noyer son cafard.

http://wanagramme.blog.lemonde.fr/

Tiers Livre et Scriptopolis sont à l'initiative d'un projet de vases communicants : le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d'un autre, à charge pour chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement…
"Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre."
La liste des participants se trouve sur un blog dédié à ce seul usage, tenu à jour, mois après mois, par Brigetoun.

Eros et Thanatos seront nos bourreaux

Je lui avait promis un orgasme
aussi long que la mort
mais elle s'est suicidée.

Casse-tête

La poésie est un secret
que les poètes dévoilent
toujours.

Aller pour solitude sans retour

Rien ne va plus
Les jeux sont faits –
La bourse s’effondre,
La guerre éclate,
La misère danse et chante « lalala ».
Les clodos meurent de froid,
Les désespérés se jettent sous les trains,
Les fous tuent leur famille,
Les pervers violent les joggeuses,
Les banques nous volent,
Les hommes politiques restent dans leur monde.

Moi je n’arrive plus à baiser
- pas même la plus exquise des femmes –
Et c’est là mon plus grand drame.

Parfois,
j'en rigole.

Aussi fou qu'une nuit de tempête

Je bois un thé brûlant
Et j’écoute du blues.
Le film porno qui tournait dans ma tête
Est terminé –
Elle ne se languit plus sous mes doigts,
Nue les yeux bandés,
Menottée aux barreaux du lit.
J’ai enfin la paix,
Mais par pour longtemps, je le sais.
Juste le temps de me remettre.

Sur ma table de chevet,
Bukowski,
Fante,
Selby Jr,
Tous ces génies
Qui se prenaient pour des ratés.
Proust, Baudelaire, Rimbaud,
Ces vieux fous,
N’arrivent pas à me rendre jaloux.
Les français ont le cul trop serrés
Pour me faire croire que je deviendrai écrivain.

La main dans le pantalon,
J’écoute les cris des maudits
Qui traverse la brume.
Le monde murmure à ma porte,
Il ressemble à un vieil arbre ivre,
Ridé, portant les stigmates de nos erreurs,
Des racines longues comme le fond des âges.
Il passe la tête dans l’ouverture de ma porte
Et me souffle :
« Hé petit, il n’y en a plus pour très longtemps,
Je suis en train de m’effondrer ».
Alors je lui répond :
« Effondre-toi tant que tu veux,
Mais donne-moi de quoi baiser une dernière fois
Sale fils de pute.
La dernière n’a même pas essayé de m’offrir son cul
Et m’a surement déjà oublié. »

Une fille qui m’embrasse
Est trop précieuse pour que je l’oublie.

mercredi 4 janvier 2012

Du papier et de l'encre pour brûler les scories de mon âme

J’ai cette chose qui brûle en dedans,
Ces millions de mots
Pour ces millions de mondes,
Ces millions de vers
Pour ces millions de visages.

J’ai ces mots pour le vent dans les arbres,
Pour les nuages vaporeux du matin
Et leur pourpre lointain.
J’ai ces mots pour les chemins
Et les routes inconnues,
Ces mots pour l’écume du soleil
Qui vient caresser l’horizon,
Ces mots pour la mer
Qui s’effondre sur le sable.

J’ai ces mots pour toutes ces femmes,
ces mots pour leurs jupes de couleur
et leurs collants noirs.
J'ai des mots pour elle,
Pour son mini-short en jean et sa tunique bariolée,
Pour ses cheveux rouges,
Pour son vernis,
Son manteau.
J'ai des mots
Pour ses sourires lointains –
J’ai ces mots pour son ombre,
Pour les regrets
Et le chagrin.

Face au chaos ambiant,
J’ai des mots pour tout,
Dés que hurle mon cœur,
Dés que supplie mon âme.
A la recherche du vrai,
De la beauté,
Je viens figer mon intranquilité.

J’ai même des mots
Pour l’ivrogne qui boit à sa table
Dès huit heures du matin –
Et rien ne sonne plus fort
Qu’un ivrogne qui boit à sa table
Dés huit heures du matin.

Mille et une choses pour une seule nuit

Je ne vois dans leurs yeux
Que les cicatrices d’une vie
Où tout se déroule dans le bon sens,
Où la folie n’a pas sa place.
Une vie où, malgré tout,
Il y a toujours quelque chose à combler -
Alors ils achètent des meubles,
Une télé pour mettre dessus,
Des tasses et des couverts,
Une voiture, des escarpins,
Un téléphone portable.
Ils achètent un canapé,
Puis encore des meubles
Et encore des tasses et des couverts,
Et encore et encore et encore.

Je ne vois dans leurs yeux
Que l’accumulation des choses
Jusque dans la mort.

mardi 3 janvier 2012

N'essai pas

Pour rendre hommage au vieux dégueulasse,
J'avais écris "Don't try" au dos de mon tee-shirt.
Mais elle a essayé quand même,
et bien sur,
elle a réussi.
Un coeur de verre fini toujours par gonfler
lorsque on le plonge
dans des braises chaudes.

Depuis, j'essais de vaincre mes nuits,
mais rien n'y fait.
J'ai beau tout retourner dans tous les sens,
c'est toujours moi qui fini
par me faire baiser.

lundi 2 janvier 2012

Réfléchir au sens de la vie c'est comme chercher un angle dans un rond, ça sert à rien

C’est un jour comme une silhouette
En cape noire dans la neige –
Mystérieux.

Les arbres sont nus
Et ressemblent à des ciels étoilés,
La nuit ne s’est jamais levée aujourd’hui,
Porté par un voile humide
Et triste.

Je porte mon chemin jusqu’au prochain virage,
Juste comme ça,
Pour contredire le destin
Et aller traîner mon cœur apathique
Sur un trottoir de plus.

Devant moi les heures d’aller
Sans retour
Pour une nouvelle année.
Là, quand la terre aura trouvé son nouvel axe
Dans l’immensité absurde de la galaxie,
Nous nous étreindrons.

Puis le soleil viendra éclairer la baie vitrée,
Réchauffer les bouteilles sans bulles
Et les mets égarés.

Comme des rescapés d’une tempête,
Nous errerons dans un jour en équilibre.
Rien n’aura changé,
Ni le soleil ou la lune,
Ni les arbres ou la mer.
La terre tournera toujours en rond
Et nous tournerons toujours avec elle.

Promis à l'enfer mais danser au paradis

Dans le vacarme d’une soirée que l’on brûle
Pour ne pas voir passer le temps,
Elle a surgi comme un soleil
Derrière l’horizon que j’avais poussé au loin,
Las d’attendre la lumière.

De ses deux mains étoilées,
Elle est venue me tirer de ma torpeur avinée
Sans que je puisse dire un mot.
Elle m’a jeté sous les stroboscopes
En compagnie des autres guerriers de l’arène
Et avec pour seul arme
Trois verres de ce doux mélange citron – vodka – cola.

L’alcool hurlait dans mes veines
- Et mélangée à la substance de ses yeux-sourires -
Mon cœur s’est transformé en V12.
Dans la nuit douce et humide,
J’ai donné un coup d’accélérateur.
Lucide,
Je serais resté sur le bas côté
A attendre la pluie.
Là, j’étais ivre
Et j’ai parfaitement maîtrisé le virage
Qui ma mené à ses lèvres.

Les serpents acides des basses
Sont venus animer nos corps désarticulés,
Nos baisers sonnaient dans les aigues,
L’équilibre était parfait.

Dans sa parure noire,
Elle a consumé mon obscurité,
Allant et venant
Entre les battements de cil
Et les caresses évanescentes.

La lune a pris la place du soleil
Et je suis allé me coucher -
Seul.

Puis dans le jour en ruine,
Pas un mot.
Comme une princesse fatiguée,
Elle m’a lancé des sourires
D’une douceur lumineuse –
Comme ceux d’un bouddha
Ou d’un soldat rendu fou par la guerre.

Là, entre doutes et incertitudes,
N’ayant jamais compris les codes de l’amour
D’une nuit,
J’ai cadenassé mon regard,
Caressé violemment par l’espoir
D’un autre baiser.

Puis sorti pour de bon
Des vapeurs de l’éther,
Je découvre son vrai visage :
Une déesse –
Ou bien une sirène
Qui a surement choisi le premier marin
A sa portée,
Emportée par la volonté aveugle
De combler sa solitude.

Face à ce visage si clair,
presque parfait,
de ceux dont je n'ose même pas rêver,
Mon cœur à explosé.
Chaque baisé donné à cette nuit
On alors pris le parfum du blasphème.

On ne danse pas impunément avec un ange
Lorsqu’on est damné –
On sait bien que le jour venu,
Le Diable reviendra nous couper les ailes.