lundi 9 avril 2012

La route

J’aime
L’entre-deux d’une route.
Etre le témoin
De la première étoile dans le ciel,
De la silhouette naissante de la lune.
J’aime l’entre-deux d’une route
Glisser sur l’asphalte,
Sur le paysage.
Etre seul au beau milieu de la campagne,
Traversé les villages déserts.
J’aime l’entre-deux d’une route,
Voir la mélancolie me saluer dans les bistrots,
Là où les hommes solitaires,
Remplis de vin rouge
- Mais vides au fond -
Tente d’oublier la vie,
Celle qui les a déjà oubliés depuis longtemps.
J’ai quelques sauts de cœur en les regardant de loin
Et je reprends le cours de la route.
J’aime l’entre deux d’une route,
Traîner ses racines,
Les projeter au loin,
Etre pleinement aujourd’hui,
Tel jour, telle heure,
Ne plus être avant,
Ne pas être encore après,
Etre maintenant.
J’aime l’entre-deux d’une route,
Avoir l’horizon bleuté, les champs de céréales,
Les fermes, les maisons, les lumières, les odeurs
Tout ça rien qu’à moi.
Imaginer les vies, les scènes de repas entre les fenêtres,
Apercevoir la lueur des télévisions.
J’aime observer de loin cette immobilité
Tandis que j’avance vers autre chose.
J’aime l’entre-deux d’une route,
Entre le jour et la nuit,
Pénétrer le soir qui s’installe,
Le voir sortir de sa clairière pour prendre le frais,
Pour se repaitre de nos âmes.
J’aime l’écouter, haletant, transpirant
Fragile.
Il vient nous raconter la nuit,
Lui mettre son grand manteau
Et lui porter sa canne.
J’aime l’entre-deux d’une route,
Psalmodier des poèmes au rythme du jazz
Et pleurer parce que tout devient beau
Là, les larmes sur les joues,
Les cris aiguisés,
J’existe, je brûle, je me consume
Je suffoque du trop plein de vie,
De cette folie que l’on nomme amour.

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