jeudi 17 novembre 2011

Quand j'étais la nuit, personne ne voyait le jour

Je vais attendre sur les marches
De la grande place,
Trainant mon espoir fatigué
Avec celui des petites bourgeoises,
Et des jeunes garçons bien habillés.
Je vais humer l’odeur de la défaite,
Celle qui vous prend à la gorge
Les soirs de pluie.

Là comme une lune égarée,
Les mains dans les poches,
Je vais troquer chacun de mes souffles
Avec un pavé de la place.
Mon cœur sera ainsi bien lourd,
Empli de doute.

Je vais marcher un peu,
Me languir de cette comédie
De fin de semaine,
Là où les hommes s’impatientent d’oublier
Qu’ils sont encore mortels
Et que le temps leur passe dessus
Comme si ils étaient invisibles.

Puis ta silhouette va venir percer
Le flux des réverbères,
Lové dans ton écharpe,
Ton manteau et tes mitaines –
Tout de noir vêtu –
Ton sourire va venir caresser mon regard
Rongé par les ténèbres.

Tout est à recommencer,
Tes lèvres sont à chaque fois
un ancien territoire
A reconquérir.

Nous allons nous perdre
Dans de longues conversations,
Je vais plaisanter, pour la forme,
Et boire pour noyer ce monstre hurlant
Au fond de mon estomac.
Chacun de ses cris
Sera un spasme
Que je tenterai de contrôler.
Dans chaque silence,
Je serais un fantôme à la terrasse d’un café.

Les respirations de la nuit
Vont venir m’apaiser,
Et l’automne va me murmurer à l’oreille
Que je n’ai pas à m’en faire.
Quand le cœur parle,
Il faut savoir l’écouter.
Mais parfois,
Il parle la langue d’un étranger.

Puis,
Dans les mensonges de l’obscurité,
Après avoir caché les mots,
Et les caresses,
Ton premier baiser
Va venir figer tout le reste
Jusqu’à la fin du monde.

Alors ta nuque
Ton dos,
Tes reins,
Ton cul
Et tes jambes
Vont se transformer en monts et vallées.
Alors ta bouche,
Tes yeux,
Tes seins,
Ton ventre,
Tes cuisses
Et ton sexe
Vont se transformer en ruisseaux arides.

Alors la nuit va devenir un voyage sans horizon,
Un aller sans retour,
Où tout sera permis
Sauf l’amour.

Alors je vais me transformer en ombre,
En arbre,
En montagne -

Je ne serai plus qu’une plume
Sous ta peau.

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