samedi 20 août 2011

Les doigts dans la prise

Le noir est trop lourd ce soir,
Il pèse comme ce foutu orage qui tarde à venir –
Il m’éclaire autant qu’une ampoule grillée.
Au diable les papillons
Et les petites fleurs.

Je devrai me contenter
D’une rivière d’eau douce
Et d’une tasse de thé –
Mais comment puis-je résister
A ce feu qui me brûle,
A ce vide devant mes pieds
Qui ne cesse de me foutre le vertige ?

« Je ne serai l’infirmière de personne » dit elle,
Pourtant j’aurai bien besoins de ses bras
Pour mettre en cage
Ce mal qui m’écrase la poitrine.
« Je ne serai l’infirmière de personne » dit-elle,
Pourtant, elle se gave de calmant
Et prie pour que son homme revienne –
Elle aurait besoin de Dieu,
Comme nous autres
Pauvres pêcheurs.

L’amour ne serait-il que le diable
Déguisé en ange ?
Celui qui vous coupe les ailes
Au moment voulu ?
Trop de visages déformés
Sous ses coups –
Il nous faudrait une émeute.

Finalement,
On se rode de rupture en
Rupture,
Jusqu’à ce que notre cœur devienne
Pierre –
Invincible.
Ainsi,
Pas mêmes le cul de la plus belle des femmes,
Pas même ses larmes,
Pas même son visage inhalé,
Pas même son parfum,
Ses culottes,
Les vacances passées avec elle,
Les valises posées dans le hall
Et le bruit de la porte qui claque
Ferons de nous un homme brisé.
Notre cœur sera plus lourd
Que l’addition salée
Qu’elle vous laissera sur la table.
Elles ne soupçonnent pas
La douleur
Que peut ressentir une ordure -
Comme nous ignorons tout de leur âme
Qui sombre
Et de leurs cris sourds
Que l’on étouffe sous nos pieds arrogants
Et cirés de luxure.

Je me tirerais une balle
Pour vos beaux yeux,
Je me prosternerai
Pour vos jolis collants à rayure
Et vos visages plein de sourire.

C’est dans mon regard
Que se lit furtivement mon amour
Pour chacune d’entre vous –

Mais

Celle qui aura mon cœur
N’existe pas encore
Si ce n’est dans mes petits fantasmes empaillés.

Le petit matin n’aura pas mes larmes,
Il n’aura pas mes rêves
Comme il a bouffés ceux de la voisine
Et de tant d’autres.

Alors qu'au quatre coins du monde
On crie famine –
Maladies,
Pauvreté -
Misère ;
Ici,
Beaucoup trop crie
manque d’amour
Et cela suffit
À vouloir
Mettre les doigts dans la prise.

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