mercredi 25 janvier 2012

Une cabane vide au bord d’un matin trop gris et voilà que nait un refrain pour un poème trop long

Il y a cette petite cabane en vieilles pierres,
Envahie par les ronces et des planches de bois
En guise de fenêtre.
Je suis passé devant mon cœur.

Je traverse un cimetière tous les matins,
Des tombes dépérissent,
Il y a une allée réservée aux nouveau-nés,
Un jour je serais six pieds sous terre.
Je suis passé devant mon cœur.

Un vieil homme avec un œil de verre
Entre dans le bus,
Un sac d’épicerie à la main.
Il fout les boules mais à l’air gentil.
Je suis passé devant mon cœur.

Une jeune femme porte des collants noirs
Sous une robe en laine,
Une autre arbore un manteau bleu menthe
Et des cheveux noirs coupés courts.
Je suis passé devant mon cœur.

Le quai des bus est désert,
Il n’y a que les yeux bleus de la gitane
Qui me fixent.
Je suis passé devant mon cœur.

Les fenêtres des immeubles
Sont traversées par des barres de béton,
Les écrans de télévision brillent de mille feux,
Comme des étoiles qui changent de couleur
Dans un ciel blanc.
On dirait une œuvre d’art contemporaine.
Je suis passé devant mon cœur.

Elle a passé une soirée avec moi,
J’ai passé les mains sur son corps,
Elle a passé les siennes sur le mien,
On a parlé à la nuit.
Je suis passé devant mon cœur.

L’amour vient nous faire la cour,
Nous embrase comme les bras du diable
- on aime brûler plus qu’il ne faut –
Puis laisse notre corps calciné
Aux charognards
Et aux miséricordieux.
Je suis passé devant mon cœur.

Ce matin,
Un enterrement.
Le cercueil entre dans la maison de Dieu,
En dessous d’une fresque
Représentant Marie implorant une figure métaphorique.
Les cloches sonnent dans le village.
Je suis passé devant mon cœur.

Depuis que j’ai laissé tomber mon cœur,
Je passe devant tout le temps,
Du matin au soir.
Un jour, quelqu’un le ramassera
Et je serais dans de beaux draps.
Mais au moins,
Je cesserai de passer devant.

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