mardi 14 décembre 2010

L’arbre au fond de lui ne donne jamais de fleur, sauf si vous l’arrosez d’amour

Certains soirs de fête,
Vous aurez beau essayer
De lui arracher un sourire,
Vous viendrez vous échouer
Contre un rocher bien noir.

Assis sur la chaise de sa cuisine,
Après avoir dansé comme un forcené,
L’absence s’installe dans son cœur
Et il n’est plus que l’ombre
De lui-même.
L’alcool ne passe plus,
La bouffe encore moins -
Il a juste besoins d’une paire de bras,
Et de beaucoup d’amour.
Mais avec les yeux noyés dans le désespoir,
Il s’efforce de cultiver
L’ignorance des autres.

Il veut rentrer chez lui au milieu des livres
Et de ses poèmes
Qui lui donnent l’impression
D’être un peu moins con que les autres.
Ne venez pas souffler sur le bord de son lit,
Vous ne trouverez que de vieux mots d’amour
Qui résistent à l’oubli, cultivent son spleen-
Et si vous les invoquez,
C’est une vieille boue impure
Qui jaillira dans le creux des ses paupières de lune.

Ne lui accordez pas d’adjectif trop sombre,
Ou vous risquerez de le flatter,
Il est un faux clown triste –
Un masque qu’il se plait à porter.

Trop jeune pour oublier de vivre,
Trop jeune pour comprendre quoi que ce soit,
Trop jeune pour en vouloir à l’amour,
Pour croire à la mort.
Trop jeune pour écrire tout cela –
Il fuit, mort de trouille,
Se donne l’allure d’un poète en costume
Avec au fond des poches la tendresse des autres.
Juste un homme
Qui écrit des poèmes embués de mélancolie
Car il a tout pour être heureux.

C’est juste qu’à la place d’un peuplier
On lui a donné un saule pleureur.

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