Je mens,
Je mens aux
arbres
Et à toutes les
créatures shamaniques,
Mythologiques
De la terre
entière.
Je mens,
Trop de chose
dans l’esprit,
Des envies d’absolu,
L’art,
Le cul,
La poésie.
Je mens,
Comme dans ce
poème
Que j’écris la fièvre,
Là, je transpire
sous la nuit
Pleine d’étoile
brûlante
Et une atroce
douleur sur mon flanc gauche
Me tord le bide –
Alors je mens,
Je libère le
mal.
Je mens,
Hugh !!!
Je mens,
Je mens comme j’écris,
Comme j’écris l’amour
Ce fantasme
Ce monstre fantasmagorique.
Je mens comme
une pute,
Une charogne,
Un ours bavant
des aiguilles d’orgueils,
Je mens
Comme un serpent
ivre,
Une carpe,
Une cigarette
qui se consume,
Je mens
Comme un immeuble
qui n’en finit jamais
D’être construit
–
Je mens plus
haut
Que la fin.
Je mens
Et les femmes me
rendent fou,
Ces femmes que
je n’ai jamais eues assez,
Que je désire
plus que la vie,
Que j’écris,
Je décris,
Que je peins
Dans le plus
infime détail.
Je mens pour ces
femmes
Auxquelles je n’ai
que des morceaux de cœur
A livrer,
Des mots,
Rien que des
mots,
Des peaux mortes
Dont elles ne
feront rien.
Je mens
A trop voir tous
ces types,
Toutes ces
nanas,
Heureux comme
des oiseaux
Dans leur cage,
Je finis par me
pendre à mes tripes,
Devant le spectacle
de la séduction,
Et là où je
pense que tout va être simple
Beau,
Amour
Je me retrouve à
devoir choisir
Et c’est le pire
des mensonges
Alors
Tout est envahi
par l’obscurité,
L’obscurité, l’obscurité
Et je prie
Pour entrevoir
la lumière,
Qu’elle soit divine
ou non.
Je mens parce
que j’existe,
J’existe et j’avance,
Je mens
Parce que je
dois survivre
Je mens
Parce que je
suis un homme,
Envahie par ses
contradictions,
Ses névroses,
Ses propres
mensonges.
Je mens comme l’aiguille
qui tourne sur la pendule,
Je mens comme le
politicien et ses promesses,
Je mens comme la
voyante dans les lignes de vos mains,
Je mens comme le
fou qui hurle dans les rues endormies,
Je mens comme le
banquier devant ses billets et les pauvres gens,
Je mens
Comme l’épicier,
Comme le
journaliste,
Comme le joueur
de football
Je mens
Comme une femme
amoureuse
Qui trahit son
mari,
Je mens comme l’amant
Coincé dans le
lit de sa maîtresse,
Je mens comme le
criminel
Qui a caché la
petite fille dans le fossé,
Je mens comme
Dieu,
Comme l’artiste,
Ses poèmes, ses
toiles, ses films, ses livres,
Je mens comme le
chanteur à texte,
Le leader d’un
groupe de punk.
Je mens
Comme un papillon
de nuit,
Qui n’a que 24
heures devant lui.
Je mens parce
que les gens ne me connaissent pas,
Je mens parce
que j’ai peur,
J’ai peur de ce
qui pourrait me tomber dessus,
De l’amour,
Cette vapeur qui
nous prend à la gorge,
Comme un piège à
loup
Dans une forêt
prise dans la brume.
Je mens
Parce que je
suis un lâche,
Je mens
Pour ne pas te
faire de mal
Mais en vérité
je sais que je suis un beau salopard
Qui déchire tes
jours et tes nuits,
Qui tire sur la
corde
Jusqu’au bout
Et qui lâche au
dernier moment
Pour qu’il reste
sur ton visage
Les stigmates de
tes larmes
De haine
Et d’amour
Et de peine
Et de solitude.
Je mens
Pour moins souffrir,
Souffrir de ton absence
Qui ne me fera
bientôt plus rien,
Il m’aura fallu
trois années,
Trois années
Pour ne plus
penser à ton visage
Quand une femme
nue
Se traînait à
mes côtés
Dans le lit d’une
soirée sans goût.
Je mens
Persuadé que ma
gueule d’ange me permettra
D’échapper à l’inquisition,
Aux accusations,
A l’extradition
Au bannissement.
Mais je mens,
Je m’échappe à moi-même,
Je m’échappe des
autres,
De mes
responsabilités.
Je mens,
Je l’aime
Et pas toi,
Mais je ne
pourrai jamais l’aimer
Car elle est une
création de mon esprit,
Je me suis
persuadé de l’aimer
Parce que l’ennuie
Est une chose tenace.
Je mens
Alors vient me
poignarder
Dans mon
appartement
Sans dire un
mot,
Là sous l’orage,
Mes mensonges
éclateront au grand jour,
La pluie viendra
les laver
Et une eau noire
se déversera
Et emmènera mon
corps au loin.
La mort elle,
ne ment jamais.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire