On avait pas vu
le matin se lever
Dans le couloir
des urgences.
Nous venions d’y
amener une paumée
Explosée au sky
et aux médocs.
J’avais passé
une heure assis sur elle,
Moitié à poil
Pour pas qu’elle
se jette dans l’escalier
Et qu’elle ne
massacre pas tout dans la chambre.
Elle hurlait que
ses chevaux allaient mourir,
Et moi je lui
demandais sans cesse son prénom
Pour qu’elle ne
perde pas complètement la boule.
Finalement, les
urgences ont transpercées la nuit
Avec leur sirène
silencieuse
Et sont venu la
chercher.
Fallait qu’on
vienne avec elle
Alors on s’est
rhabillé fissa
Et on est monté
dans ce camion.
Je m’étais
toujours demandé ce qu’il pouvait se passer
Dans les
ambulances,
Surtout à 5h du
matin.
Maintenant je
sais,
Et c’est pas du
joli.
Elle continuait
à hurler sur la route
Et le mec
essayait de la calmer.
Elle était
persuadé qu’on allait la foutre en taule,
La pauvre, elle
avait l’air d’en avoir chié un maximum.
Le médecin de garde était navré du spectacle,
Ils nous ont posé des questions,
On savait rien sur elle.
Le médecin de garde était navré du spectacle,
Ils nous ont posé des questions,
On savait rien sur elle.
Après l’avoir
sanglé,
Les médecins l’ont
balancé dans le couloir d’attente,
Ça devait
ressembler à l’enfer,
Avec des néons
et une odeur de naphtaline.
On pouvait rien faire de plus
Alors on est sorti de l'hôpital.
Je me demande ce qui nous faisait
Tenir encore debout.
On pouvait rien faire de plus
Alors on est sorti de l'hôpital.
Je me demande ce qui nous faisait
Tenir encore debout.
Bien sur,
personne ne pouvait nous ramener
Alors on a pris
nos estomacs retournés
Nos cœur en vrac
Et nos yeux en
tourne vis
Puis on s’est
traîné le long des rues avinées.
Quelques
rescapés nous ont balancés des regards tendres
Et nous on se
tenait par le bras
Comme des vieux
compagnons de route.
Une fois arrivé
chez toi,
On avait plus qu’à
se coucher avec la lune.
Toi, sans gêne
aucune,
Alors que t’étais
presque une inconnue,
Tu t’es mise
dans les draps les seins nus.
J’ai rien dit,
Me suis couché.
J’ai mis du
temps à me remettre de ces conneries,
Suffoquant,
enchaînant des rêves tous plus absurdes
Les uns que les
autres,
Je ne savais
plus où j’étais,
Comment je m’appelais.
Puis finalement,
on a repris là où on s’était arrêté,
Avant que cette
fille ne parte en vrille.
J’ai pris ta
main,
J’ai enlacé mes
doigts avec les tiens,
J’ai longé ton
bras.
Tu t’es collé à
moi,
Un peu
Et puis un peu
plus,
Comme un singe
qui s’accroche à une branche.
Putain, moi
aussi j’avais besoin de me raccrocher
A quelque chose.
Alors je t’ai
pris dans mes bras
Et j’ai attendu
En tremblant.
Tu m’as demandé
ce que j’avais –
Bordel ça
faisait au moins une année
Que j’avais pas
tenu une fille nue dans mes bras,
Que j’avais pas
senti un autre corps,
Un autre
épiderme
Un autre
souffle.
On s’était
embrassé pour rire dans le bar
Mais là, on
rigolait plus.
Là, on parlait
de tendresse,
De douceur
De sexe,
De folie.
Tout était
évident.
Il a suffit que
tu approches ta bouche
Pour que je la
dévore,
Comme si tes
lèvres m’avaient dit en chuchotant :
« Mais vas
y espèce d’abruti,
Jamais personne
t’as appris la vie,
T’as appris
comment faire ?
Il faut quoi
pour que tu jettes à l’eau,
Qu’on remplisse
tes poches de cailloux ? »
Le baiser a duré
cinq secondes -
Rien, mais déjà l’éternité.
Finalement, tu
as sorti le refrain
« non c’est
pas sérieux,
Il faut pas… ».
Alors je me suis
retourné et
J’ai parlé au
mur.
Mais tu es revenu
te coller à moi,
Doucement,
Comme en rampant sur les draps.
Doucement,
Comme en rampant sur les draps.
Alors, pris par des spasmes,
Je t’ai embrassé à nouveau,
Je t’ai embrassé à nouveau,
Encore et
encore,
Te serrant dans
mes bras
Pour pas que tu
t’échappes -
Simple question de survis.
Simple question de survis.
Le médecin de
garde a appelé
« Qu’est ce
qu’elle a votre copine ? »
J’en sais rien,
La même chose
que nous tous
Mais en plus
fort,
Elle a pas su
maîtrisé le virage,
Voilà tout.
Voilà tout.
Il a pas eu l’air
convaincu.
A sa voix, en
fait, il donnait l’impression
De ne rien en
avoir à foutre
Et que c'était son quotidien.
Et que c'était son quotidien.
Il m’a surement
pris pour un camé
Ou un alcoolo ou
un mec mal éduqué.
Je lui ai donné
les réponses qu’il voulait
Et j’ai
raccroché.
J’avais le
ventre en mille morceaux,
La gorge nouée,
Le tournis,
Le tournis,
Alors j’ai
repris un peu de tes bras
Brûlant de
compassion
Et de
miséricorde.
Tu m’as apporté
le petit déj' au lit,
Un bol de
céréales,
Les mêmes que
quand j’avais six ans.
Ça m’a
réconforté un moment,
Même si j’ai eu
du mal à les avaler.
J’en pouvais plus d’être dans l’obscurité
Alors j’ai
traîné mes paupières jusqu’à la fenêtre.
J’ai ouvert les
volets
Et retrouvé la
vie.
On a chassé les
heures,
Le dimanche
Puis tu t’es
rhabillée,
Et on a filés chez un ami.
Je me suis
laissé traîner,
Ne maîtrisant
plus rien,
Les rues,
Les virages,
Les passants,
Les lendemains,
Les lendemains,
Tout défilait.
J’ai profité de
tes longues jambes
Sous le tableau
de bord,
Et je me suis
dit
Que finalement il y avait une justice :
Que finalement il y avait une justice :
Les perdants ont
toujours leur revanche.