jeudi 11 octobre 2012

Je peux toujours crier, tu n'as pas le coeur à m'écouter

Le matin se lève doucement
Et tu dors encore,
Allongée sur le ventre
Les deux mains sous l’oreiller.
Je t’observe sans que tu le saches,
Arrange une de tes mèches de cheveux.
Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit.

Je remarque sur le haut de ton épaule
Un petit grain de beauté en forme de cœur
Et cela me rappelle un film que nous avons vu ensemble,
Un film d’amour bien sur.
Dans un mouvement rêveur, tu découvres un morceau des quelques idéogrammes japonais
Tatoués sur ton avant bras –
J’ignore toujours ce qu’ils signifient
C’est un silence que tu garde muet.
Je profite de ton odeur chaleureuse,
Accueillante,
Tandis que le soleil entre à pas de loup
Sur le parquet.

Ta petite main endormie
Se repose au dessus de mon cœur,
Elle bouge légèrement au rythme de tes soupirs matinaux,
Si délicieux à mon oreille.
Dans la vieille chambre tapissée de livre,
Nos deux êtres ne se touchent pas,
Pudiques et maladroit,
Mais la tendresse commence à faire son trou,
Comme une souris gourmande
Dans l'obscurité d'un grenier.

Hier soir,
Je nous ais lu des passages d’un livre de Cioran,
« L’inconvénient d’être né »
Puis quelques extraits de Nietzche.
Tu m’as écouté assise en tailleur sur le lit,
Les pieds nus
Puis tu m’as confié que tu aimais la philosophie.
Moi je n'y comprend rien ais-je répondu,
Mais j'ai toute ton attention
Alors je n'en demande pas plus.
Ensuite tu as enlevé ton soutient gorge
Tout en mettant un vieux tee shirt pour dormir.
Tu as ôté ton pantalon
- J'ai aperçu la dentelle de ta culotte -
Et tu t’es glissé dans le lit
Où tu t’es endormie presque tout de suite.

Le lendemain, les arrêts de métro
Ont ponctués nos ballades –
Ourq, République, Opéra
Et nous avons marchés, rien de plus,
Tout simplement,
Laissant la capital dicter ses odeurs,
Ses visages, ses monuments,
Sa beauté.
A un moment donné,
J'ai arrêté de compter le nombre de fois
Où j'ai voulu prendre ta main -
Il dépassait l'infini.

Nous avons pris un café,
Tu as mangé tes pain cakes
Et ton regard gourmand sur le coulis de chocolat
Fut un adorable spectacle.

Dans le train du retour
J’ai observé ton corps endormi
Déposée sous ton grand foulard,
Tu y écoutais de la musique,
Le sourire aux lèvres.
Le train avançait sous les grands néons,
C’était bientôt la fin du dimanche,
Bientôt la fin du week end.
Le temps passait, suivant sa trajectoire,
Imperturbable,
En me dévorant de plus en plus.
Je cessais de respirer sur mon fauteuil,
Étranglé par mon désir de déposer mes lèvres
Sur les tiennes,
Comme un traître qui capitule
Sous la torture de ta beauté.

Je traversais la nuit
Sans une respiration
Mon cœur tenu en cage
S’était mis à hurler
Il n’y avait plus qu’un de tes baisers pour le dompter.
Sur le quai du tram,
J'ai tremblé,
Comme un fou sous camisole
Déconnecté de la réalité.
Je t'ai attrapé dans un élan de désespoir -
Tu es resté dans mes bras,
Sans rien dire,
Sans rien faire
Puis tu m’as dit bye bye d’un geste de la main
Avec ton sourire imperturbable.
J’ai fais demi tour
Et la nuit ma tapé sur l'épaule
Comme un vieux copain de beuverie.
Je n'avais pas de bière pour chialer
Alors j'ai retenu mes larmes -
De toute façon,
Ça ne sert à rien de pleurer pour quelque chose
Qui terminera un jour ou l'autre
la gueule par la fenêtre
à hurler aux quatre vents.

Parfois rien n’a de sens,
Pas même l’amour.
Et parfois,
Il n’y a que l’amour
Qui en ait un
Et alors
Il n'y a plus qu'à attendre
Le seuil intolérable
De la douleur.



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