jeudi 6 septembre 2012

Je mens comme j'écris, mon esprit est un putain de truc tordu


Je mens,
Je mens aux arbres
Et à toutes les créatures shamaniques,
Mythologiques
De la terre entière.

Je mens,
Trop de chose dans l’esprit,
Des envies d’absolu,
L’art,
Le cul,
La poésie.

Je mens,
Comme dans ce poème
Que j’écris la fièvre,
Là, je transpire sous la nuit
Pleine d’étoile brûlante
Et une atroce douleur sur mon flanc gauche
Me tord le bide –
Alors je mens,
Je libère le mal.

Je mens,
Hugh !!!

Je mens,
Je mens comme j’écris,
Comme j’écris l’amour
Ce fantasme
Ce monstre fantasmagorique.

Je mens comme une pute,
Une charogne,
Un ours bavant des aiguilles d’orgueils,
Je mens
Comme un serpent ivre,
Une carpe,
Une cigarette qui se consume,
Je mens
Comme un immeuble qui n’en finit jamais
D’être construit –
Je mens plus haut
Que la fin.

Je mens
Et les femmes me rendent fou,
Ces femmes que je n’ai jamais eues assez,
Que je désire plus que la vie,
Que j’écris,
Je décris,
Que je peins
Dans le plus infime détail.
Je mens pour ces femmes
Auxquelles je n’ai que des morceaux de cœur
A livrer,
Des mots,
Rien que des mots,
Des peaux mortes
Dont elles ne feront rien.
Je mens
A trop voir tous ces types,
Toutes ces nanas,
Heureux comme des oiseaux
Dans leur cage,
Je finis par me pendre à mes tripes,
Devant le spectacle de la séduction,
Et là où je pense que tout va être simple
Beau,
Amour
Je me retrouve à devoir choisir
Et c’est le pire des mensonges
Alors
Tout est envahi par l’obscurité,
L’obscurité, l’obscurité
Et je prie
Pour entrevoir la lumière,
Qu’elle soit divine ou non.
Je mens parce que j’existe,
J’existe et j’avance,
Je mens
Parce que je dois survivre
Je mens
Parce que je suis un homme,
Envahie par ses contradictions,
Ses névroses,
Ses propres mensonges.
Je mens comme l’aiguille qui tourne sur la pendule,
Je mens comme le politicien et ses promesses,
Je mens comme la voyante dans les lignes de vos mains,
Je mens comme le fou qui hurle dans les rues endormies,
Je mens comme le banquier devant ses billets et les pauvres gens,
Je mens
Comme l’épicier,
Comme le journaliste,
Comme le joueur de football
Je mens
Comme une femme amoureuse
Qui trahit son mari,
Je mens comme l’amant
Coincé dans le lit de sa maîtresse,
Je mens comme le criminel
Qui a caché la petite fille dans le fossé,
Je mens comme Dieu,
Comme l’artiste,
Ses poèmes, ses toiles, ses films, ses livres,
Je mens comme le chanteur à texte,
Le leader d’un groupe de punk.
Je mens
Comme un papillon de nuit,
Qui n’a que 24 heures devant lui.

Je mens parce que les gens ne me connaissent pas,
Je mens parce que j’ai peur,
J’ai peur de ce qui pourrait me tomber dessus,
De l’amour,
Cette vapeur qui nous prend à la gorge,
Comme un piège à loup
Dans une forêt prise dans la brume.

Je mens
Parce que je suis un lâche,
Je mens
Pour ne pas te faire de mal
Mais en vérité je sais que je suis un beau salopard
Qui déchire tes jours et tes nuits,
Qui tire sur la corde
Jusqu’au bout
Et qui lâche au dernier moment
Pour qu’il reste sur ton visage
Les stigmates de tes larmes
De haine
Et d’amour
Et de peine
Et de solitude.

Je mens
Pour moins souffrir,
Souffrir de ton absence
Qui ne me fera bientôt plus rien,
Il m’aura fallu trois années,
Trois années
Pour ne plus penser à ton visage
Quand une femme nue
Se traînait à mes côtés
Dans le lit d’une soirée sans goût.

Je mens
Persuadé que ma gueule d’ange me permettra
D’échapper à l’inquisition,
Aux accusations,
A l’extradition
Au bannissement.
Mais je mens,
Je m’échappe à moi-même,
Je m’échappe des autres,
De mes responsabilités.

Je mens,
Je l’aime
Et pas toi,
Mais je ne pourrai jamais l’aimer
Car elle est une création de mon esprit,
Je me suis persuadé de l’aimer
Parce que l’ennuie
Est une chose tenace.

Je mens
Alors vient me poignarder
Dans mon appartement
Sans dire un mot,
Là sous l’orage,
Mes mensonges éclateront au grand jour,
La pluie viendra les laver
Et une eau noire se déversera
Et emmènera mon corps au loin.

La mort elle,
ne ment jamais.





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