dimanche 20 mai 2012

Les poètes sont des fous qui vont mieux que tout les autres

Le soir, quand la nuit nous nargue,
On sait plus bien où poser nos lèvres.
J’ai vu un mec
Raté sa bière,
Comme si il voulait donner à boire au vide,
Comme si il voulait le remplir d’éther,
Comme si il voulait l’anesthésier
Pour oublier
Pour séquestrer
Le temps qui passe -
Et qui brûle…

Le soir, quand la nuit nous rit au nez,
On charge nos souliers de caillou,
Alors tout devient plus lourd
Et on se prend les pieds de nos lacets
On se casse la figure
Sur les trottoirs de nos ruptures
Et on écrase nos égos
Dans de jolis caniveaux.

Le soir, quand la nuit nous largue,
On sait plus bien où mettre nos désirs
Alors on les pose entre les vieilles pierres
Comme des pièces de monnaie,
Comme des portes bonheurs de pacotille
Qui ne font qu’accoucher de nos espoirs
Et de les laisser sans vie,
Ivres morts,
Sur les tonneaux vides.

Le soir, quand la nuit nous perd,
On sait plus bien de quoi remplir nos cœurs
Alors à la place, on remplit nos verres,
On les rempli de nuages,
On les rempli d’étoile,
On les rempli du jus de nos âmes,
On essore, on essore
Pour y trouver du rose
Mais il n’y reste
Que du noir.

Le soir, quand la nuit nous salue,
On sait plus bien où poser nos culs
Alors on courbe le dos sur nos peurs,
Sur nous avenirs
Et on s’assoit le long du fleuve qui rugit,
Imperturbable
Puis on se laisse couler…
Puis on se laisse couler
Nos quarts d’heure de gloire dans les poches
Qu’on ressortira à l’ombre du noir,
Qu’on ressortira à l’ombre la plus proche.

Le soir, quand la nuit nous assiège,
On sait plus bien quoi faire de nos bras
Alors on enserre à tout va,
On se pose sur une épaule inconnue,
On brasse les horizons
Et nos petites histoires misérables
Finissent en origami –
Des cocottes en papiers
Jetées dans l’écho du silence.

Le soir, quand la nuit nous abandonne,
On s’ouvre les veines au rhum coco
Et on laisse couler les fluides
Pour laisser s’échapper le trop plein,
On tire le drap bleu marine
Pour laisser les larmes couler
Qui laisserons un goût salin
Le jour venu -
On tire le drap bleu marine
Pour laisser les larmes voler
Au dessus de quelques lendemains
Un peu mieux tenus.

Là sur les pavés
Trainent nos masques,
Car sous nos blazes
Il n’y a que de la chair humaine
Qui palpite sous la lune,
Il n’y a que nos sangs
Qui gicle sur les murs
Pour mieux cultiver un nouveau terrain vierge,
Une nouvelle feuille blanche,
Une autre trace
Dans nos existences.

Coupe de la ligue slam 2012, Joué-Les-Tours


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