jeudi 23 février 2012

D'un bout à l'autre de la rue naissent des étincelles que je transforme en flamme

Ça commence avec mon reflet dans la vitre du tram,
Silhouette presque invisible,
Enveloppé dans un drap de mélancolie.
Monté dans le tram,
Une jeune fille
Appareil dentaire
Une veste bleue
Des bracelets, des nike air,
Elle s’est surement habillé sur un blog,
Ne traîne pas de tamagochi
Mais un bulldog.
Une autre jeune fille
Collé à son copain
Ado prébubère au regard d’acier,
Visage plein d’acnée
Elle est obligée de se mettre sur la pointe
Des pieds pour l’embrasser.
Un jeune homme qui lit,
Une grand-mère qui refuse le siège qu’on lui offre
Une famille de gitans.
Descente du tram.
Je slalome entre les corps,
Les odeurs, les masses,
les paroles.
Le clochard dort sur l’allée,
Les punks s’amourachent toujours au même endroit.
J’arrive enfin à destination,
Exposition Rock et Littérature.
Je fixe la Gibson Les Paul à l’entrée
Puis avance.
Je lis, je regarde, j’écoute
Là Dylan,
Ici Morrison,
Je respire les mots,
Je respire les sons
Remue le corps sur Joy Division,
Souris sur Antonin Artaud
Zappe Starway to Heaven.
Je les entend murmurer,
Chanter, taper sur la machine à écrire,
Ils ressuscitent là sous mes pas,
Ils revivent là sous mes doigts,
Les poètes sont à nouveau dans les rues,
Avec leur costume et leur cigarette
Leur révolte en plein cœur,
Homosexuels, hétérosexuels, bisexuels
Selby, Burrought, Kerouac, Bukowski, Morrison,
Patti Smith, Ian Curtis, Leonard Cohen
Ils brûlent !!!
Et Ginsberg, de sa voix maladroite qui récite le poème des siècles qui s’écoulent
« I see the best mind of my generation naked, hysterical… »
Les mots s’entremêlent et ne veulent plus rien dire
Alors je termine Howl
Et je sors sous les grosses lunettes de la surveillante.
Et là au dehors,
Sous la chape du ciel gris,
Tout semble être seul,
La dame qui regarde son programme télé,
Le clochard aux yeux bleu
Le boulanger, la serveuse, la caissière
Mes yeux transforment tout en solitude
et tout tourne dans le vide
J’ai un voile au cœur
Et je pense à cette nouvelle famille,
Vous qui me manquez là au milieu des rues
Poison, Alice,
Nouveau père, nouvelle mère
Eupédien, Agnès, Tom-Tom, Fred, Nico, Pomme d’Api
Nouveaux frères nouvelles sœurs
Tous liés par le pouvoir des mots.
Je suis en ébullition,
Les pensées se maillent,
Si quelqu’un me frôle ça va faire des étincelles,
je vais tout transformer en flamme
Je dois avoir les yeux qui brillent,
Tous devient lumière, tout devient prétexte à poétiser,
Je suis soleil, étoile, fleuve, femme, homme, chien, chat
Je tremblerais presque,
Je me remplis de mots,
Il faut que je déverse tout cela sur le papier
que je me vide.
Mais avant je dois aller m’enfermer dans une boîte blanche,
Un vide où les boîtes de conserve s’accumulent.
Alors je fais vite,
Mais comment faire vite dans ce labyrinthe de consommation,
Je me perds et je me retrouve.
Enfin je peux vider ces mots,
Je vide la rage,
La boule au ventre,
Le tout, le vide, le n’importe quoi
Avec Ginsberg toujours en toile de fond
« Howly, Howly, Howly »
Je suis vide,
Je n’ai plus qu’à me remplir à nouveau,
Au détour d’une rue, d’un visage,
D’un tout petit rien.
Ca termine
Dans ma chambre face à la feuille.

Tout est là.

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